jaiplusdesouvenirs

25 décembre 2006

 

NOEEEEEEEEEEEEEL



et j'ai plus internet, il faudra être patient les gens, vous tous, mes virtuels zamis ...
et oui, c'est bien difficile la vie sans blog, mais voilàa, i'll biback a loulap chizmaï béïbé

alors ce repas caviar saumon champagne ? comment vont les grand-mères ? et les cadeaux vous comblent ils ? c'était-y sympa ces photos pour la postérité ? on a bien ri ? on s'est aimé ? on a reserré les liens familiaux ? on s'est bisoutés ? on s'est dit "JOYIEU NOEL " ? on s'est senti heureux d'être parmi les siens sans que ce soit trop anxiogène ? hein ? on s'est senti en vie comme il incombe ? A t on donné le maximum pour être heureux et éviter les conflits comme il se doit ? a t on bien placé les chèques et a t on pensé a lire le petit mot qui l'accompagnait : "ma chérie, encore un Noel ensemble, c'est magnifique, ne change pas" ? a t on dit merci au père noél t'as vu j'ai été gentil cette année j'ai largué personne méchamment j ai pas trop fait de cocus, pas mis trop d heures de colle, signé des pétitions antiexpulsion, prêté ma voiture à mes amis et j'ai donné 20 cents à un cloco dans le métro ? menti aux nouveaux venus en leur disant on sera toujours uni Noel c'est trop la classe et la vie est belle ? bref... EST CE QUE CE PUTAIN DE BONHEUR ETAIT AU RENDEZ VOUS OU ALORS AVEZ VOUS ETE GLAUQUE A CREVER ?

Nous on a été parfait en matière de griserie Noelienne, au poil.
On a oublié la dépression du père, le cancer de la grand mère, l'alcoolisme de la mère, la nana du mec, le chomage du frere, le veuvisme de l invité, le roumanisme juif de l autre invité, on a fait la fete comme il se doit, rubis sur l ongle, un vrai régal !

Entre deux j ai quand même reçu quelques pétitions qui ont failli me faire culpabiliser contre l'expulsion des sans papiers bordel, ils ont le chic pour gacher les fêtes les salops avec leur malheur mal placé ! j'en ai avalé mon saumon de travers et j'ai failli recracher "la dinde aux marrons"... Mais j'ai pris sur moi, et j'ai oublié que le malheur des uns, ne nuit en rien aux bonheurs des autres...

Et voilà une fin d'année qui sera placée sous les couleurs de l'amour naissant, crevant, douteux, impuissant, de la famille pareil, crevante, naissante, douteuse, impuissante, d'un porte feuille juste crevant et pas très rassurant lui, sans équivoque... et d'un blog que pour l'instant je laisse en ripaille aux commentaires, le temps que j'aille me lover dans le nid d'amour de ma maison d'enfance, faire du feu, courir au bord de l'océan à en cracher mes poumons avec mon chien puant, écrire face aux pins, dormir, boire et enfin, enfin...

vous dire merde à tous !


même si dans le fond, on s'aime bien...

à bientot !

et beaux nénés !


19 décembre 2006

 

PETITE CourONNE


D abord, il y a eu ce ralentissement dès le pont de Bondy... boum, criiiiiiiiiiiissements de freins et autres lampiotes rouges agressives qui t'en foutent plein les yeux fatigués et les pieds gelés par la distrib de tracts... Imprévu, mais tellement tôt qu'aucun doute ne fut possible : je l'avais dans le cul et pour longtemps encore et bien profond en plus puisque je n'avais parcouru que 500 métres des 20km que j'avais à rouler...
Ensuite, il y a eu ce panneau "Porte de Bercy +1h", là comment dire, des suées m'ont saisie et je me suis dit "Bordel t'aurais dû pisser et acheter des clopes avant de te lancer dans la conquête du périph à 17h15, pauvre conne..."
Il faut que vous sachiez une chose : il faut bien que vous la sachiez. Voilà, je vous le dis, ma caisse est une espèce de boite de conserve pourrie, défoncée, "carrosserie parisienne" comme on dit, petite, confinée, pas sécure, ceux qui sont montés dedans peuvent en témoigner, quand on frole les freins c'est comme quand on frole mes reins, elle pile et se cambre, nerveuse, pourrie jusqu'à l'arête, usée, raclée, érodée par les camions de la ZI de Vitry, cabossée par les J9 en marche arrière qui ont essayé de se la taper canine, gangrénée par les squatteurs tapeurs de coke sur la plage avant, buveurs de bières sur les sièges arrières, arracheurs de poste comme on arrache une dent : au pied de biche, la portière droite interne a été démembrée par un ex qui essayait de passer de derrière à devant sans passer par l'exterieur, en escaladant quoi, mais lui il mesurait 2mètres de haut de plus que ma caisse (suite à ça, j'ai dû le quitter), le cendrier, un régal, sur la plage avant, des paquets de clopes froissés... tout un monde intérieur, tout un programme... Voilà, pour planter le décor...
Il est donc sordide, affectif ! certes, mais sordide, et surtout : pas de clope, pas de zique, et une vessie en hypertension... derrière moi une journée de cours, derrière elle 3 jours de travaux et un déménagement, devant moi... Des sapins, des guirlandes... DE VOITURES ! RhaaaaAA !

Moi là dedans, j'essaie vaguement de ressembler à une prof de lettres, j'essaie "de me la raconter" sérieuse avec mes lunettes stylisées que tout le monde a les mêmes maintenant, j'essaie de sauver les apparences, de prendre sur moi et de faire comme les gens me disent, pour mon bien, quand ils me disent "Lunar, sois diplomate" (ils disent surtout ça pour leur bien à eux, ces baltringues...) et de pas gueuler : "Espèce de gros connard de putain d'enculé de ta mère" insulte insensée et impulsive, indigne de la gens lunardienne, Alors je me retiens et je dis "Vas-y petit connard de ta race"... avec une révérence et un sourire crispé... c'est ça la diplomatie...

Et puis il y a eu ce moment de folie ou j'ai tourné à droite pour prendre les maréchaux... et là, j'ai parcouru 100 mètres en 30 minutes, je me suis dis "bon va falloir serrer très fort les jambes, penser à autre chose et regarder les gens s'enerver". Alors j'ai appelé ma pote, mon ex, un voisin, encore ma pote et j'ai tué le temps, j'ai compté les étages, enlever la colle de mes tifs, enlever la peinture de mes tifs, sans doute manger beaucoup mes ongles et mes tifs... et je me disais "Arrete toi, bois un rhum, corrige des copies, pisse" mais j'ai jamais eu le courage de renoncer, c'est bien la tout le drame de ma vie... Bordel, l'embouteillage me rend philosophe... merde...

Et là, la folie a nouveau s'est tragiquement emparée de moi et :

dans un fol espoir, la desertitude de la rue aurait pourtant dû me mettre la puce au fond du trou, mais... j'ai tourné à gauche et soudain, ce fut l'Afrique et l'Asie et l'Amérique Centrale retrouvée : la route était si putainement cahoteuse qu'elle nous propulsa Petitoune (c'est le nom de ma voiture, pour plus de renseignements cf plus haut) et moi, à quelques mètres de haut, à diverses reprises ! bon sang, accroche toi, disais-je à mon fier destriAx... ! Tu peux le faire, aïe, ouch mince... RE BORDEL ! face à moi, que vois-je ?
bein plus rien... C'était une impasse ! les salops ! me voici invectivant de plus belle ces gros de .. qui n'ont pas mis de panneau à l'entrée de l'impasse !
Ok pas de problème, marche arrière et essaie de t'incruster sur l'avenue et... pfffff catastrophe, ils veulent tous leur place à la place de la voiture de devant qui elle même veut la place de la voiture dont elle prend la place qui a pris la place de celle dont la précédente vise la place ! , et que je te klaxonne, et que je t'insulte, et "non tu passeras pas non !" et vrrr j'accelère et te coupe, et je te coupe le devant et le feu et tout le coupable... eh allez...
Moi je reste stoïque, je suis dans la merde, plantée en plein mitan d'une rue surpeuplée, en sens inverse, je les rends fous, ils me rendent folle et là, je ne sais plus quoi faire, alors je ris... bein tiens, pourquoi pas !


Mais la connerie des femmes au volant qui ont peur de tout, la violence machiste des hommes qui malgré tout font des queues de poisson pour une place de plus, qui grillent les feux rouges alors que tout est paralysé et qu'ils vont bloquer la file d'en face, la hargne des taxis qui s'évertuent et réussissent à être les plus idiots des conducteurs et ce ! malgré les extrêmes conditions de bouchons... les "je mets mon clignotant jeregardeailleurs et je tedoublediscrétement" les "nontupasseraspasjemenfousj'accelère" les regards noirs et les doigts en l'air quand on a le malheur de doubler sans même vouloir (ce qui ne m'arrive jamais), les incivilités, les vengeances, les insultes, les échanges d'oeillades meurtrières... du concentré de connerie à l'état pur, vite une étude sociologique sur la dégénérescence ces comportements en voiture !

Et là resoudain, ce ne fut plus possible : alors, animée d'un désir d'incohérence, je suis sortie de ma voiture, comme ça, paf, héhéhé, je les ai regardés, je leur ai dit "Eh ouai bande de cons !" et j'ai couru chez un traiteur chinois, j'ai ouvert la porte comme une furie et j'ai dit
"Hauts les mains ! j'ai absoluement besoin de faire pipi, s'il vous plait, laissez moi aller aux toilettes !"
Ils ont eu un regard dubitatif, qu'ils ont laissé trainé longtemps sur moi, puis fait passer de l'un à l'autre comme dans le jeu de la tomate, où dans un film hong kongais, vous avez le choix de la métaphore (ou plutot de la comparaison puisque l'élément comparatif est présent, bein ouai.. souvenez vous), et à ce moment là, sublime, a retenti un concert de klaxons protestateurs : dans le genre : Non mais elle se fout de la gueule du monde celle-là c'est pas possible non mais je rêve !
en langue "Tuuuuttt tuuuttinnnnttt" !
Petitoune était aux prises avec les milliers d'autres voitures dont elle bloquait le passage ! "Tiens bon lui lançais-je, ainsi qu'un baiser, je reviens, dis leur que tu as raté le bus, eu une panne d'oreiller, que j'ai vu ma mère faire le trottoir, invente, j'arrive" et les chinois de me dire "D'accord, oui oui, vous pouvez aller"
Quel bonheur... quel bonheur... de me vider de la si nocive substance... de me laver les mains, me mirer dans le miroir miroitant de reflet nonobstament satisfait de son sien propre... prendre mon temps, me délécter de bloquer la voie... puis enfin, triomphalement sortir... affronter les huées, la vessie vide, fin prête, chevaucher mon fidèle destriAX !!
Et ouai, là j'ai eu une minute de gloire dans le style je vous emmerde tous, ça me prend a ssez souvent si vous voulez savoir...

2h50 d'embouteillages...

2h50 !!!!
POUR 20 BORNES....

De quoi haïr la France entière, de quoi se pisser dessus, de quoi devenir fou, de quoi écrire quelques lignes...


18 décembre 2006

 

Une ville la nuit...


Ma sensation première quand je cherche à me replonger dans ce souvenir, est celle de la nuit et du froid. Pas glacial le froid mais piquant, jusqu'à désagréable. Pas une nuit durasienne, satinée et concurrente du jour. Une nuit noire, entière, sans concession, si ce n'est...
Où allais-je ? D'où venais-je ?
Je marchais sur Broadway, il était 19h et les badauds levaient la tête au ciel pour contempler émerveillés l'imposante guirlande lumineuse dont des gratte-ciel presque insolents de lumière ornaient la nuit new yorkaise.
Moi, comme eux, comme tous, touriste parmi les touristes, emmitoufflée dans ma doudoune blanche trop courte qui me laissait les fesses à l'air, gelées, je marchais au plus vite vers Central Park, mais marquant cependant quelques arrêts, le regard muet, béate, d'une admiration primitive, originelle, livrée au spectacle inoui des lumières des bureaux à perte de vue, et de leurs reflets si nets sur les vitres des tours voisines, elles-mêmes renvoyant les mille éclats scintillants des édifices les plus proches lesquels, comme par un jeu de ricochets miroitant, se faisaient à leur tour l'écho silencieux et magique des si nombreuses minuscules lampiotes des gratte-ciel les plus proches.
Tout ceci, en haut, partout, de reflet en reflet, déchirant la nuit, kaleidoscope à échelle de géant, une chaine de lumières infinie se donnant la main, telles des danseuses en tutu prêtes à entrer en scène, et qui dans les coulisses de leur prison de verre se chuchoteraient d'une tour à l'autre leurs secrets inintelligibles. La lune elle-même en palit lorsque, soudainement, sans prévenir, tout s'embrasa de rouge et illumina la ville d'un jet de lumière artificielle, se répendant comme une rumeur muette, bientot suivie d'une explosion relayée par une autre, et chaque façade de New York, la moindre surface de verre, pour un bref instant, s'incendia dans un halo d'un rouge horizontal, éléctrique. Puis de vert, et de blanc et ! magie de l'enfance retrouvée, le feu d'articifice du marathon de New York dont le bruit des pétards se répercutaient de gratte-ciel en gratte-ciel, en une valse folle de lumières changeantes, un tourbillon de bruit, les interjections émerveillées des passants, tout ceci enfin, me remplit d'un ravissement divin, me vola un instant d'éternité.


14 décembre 2006

 

Ut pictura...


Notre désir
Nos odeurs mêlées
L'entrelac désespéré de nos corps l'un à l'autre confondus
Tout ça
L'arrêt des aiguilles et la suspension des souffles
Tout ça
J'aurais peint sur le mur qui dans son dos palpite
J'y aurais projeté,
Si seulement j'avais su, Ou seulement deviné
L'ombre difforme de notre union divine,
Lui, Monstrueuse beauté,
Et Moi, esclave d'un humain dont Demain est le "non".

Je peins pour te lire, surtout pour vous garder
Sur la paroi de l'antre où j'ai voulu t'aimer.
Amants de nos défaites,
Notre pinceau, vos flèches

Et l'ombre de nous deux me visite souvent...


ps : a revoir


09 décembre 2006

 

Vous faites quoi le 22... ??


Bon je suis pour changer les ondes énergétiques de la planète, mais je vais avoir besoin d'un coup de .... main ?!!!




07 décembre 2006

 

rires


l'ivresse de la jeunesse...
suis encore jeune ?
je ne crois pas ?
marcher d'un grave pas et d'un grave souris,
ravagée, à 18 ans mon visage a changé
plus tard moi, a 25 peut etre j ai vieilli

depuis quand ce rire puissant à en faire chavirer le sang ne m'a t il pas ébranlé les sens ? depuis quand n'ai je pas ri comme adolescente lors de mes premiers joints avec mes amies, dévalant les rues de banlieue nocturne quand tout m'appartenait ?
parfois mon rire m'inquiete, il sonne faux, me semble étrange tant il est loin de moi. Long et profond tremblement, qui tel un orgasme monte, met en branle tous mes organes, résonne en mes entrailles, monstrueux, inhumain, si inhabituel... m'agite de secousse, croit tel un orgasme et éclate enfin libéré, hors de mon pouvoir, presque inquiétant de puissance et si libérateur...

Que n'es tu là toi qui me fais tant rire que le réél me semble merveilleux ?

Le week end dernier, dans les rues de Rome, ivre de beauté et d'haschich, nous marchions dans la brume nocturne qui me faisait une traine de mariée, le long des grands boulevards silencieux, et deserts, je te traduisais d'improbables phrases et nos regards s'émouvaient de tant de joie native. Nos éclats de rire purs claquaient comme le froid et déchiraient la nuit qui nous souriait maternelle et complice.

Mais c'est déjà fini.

Tout comme plus tard tu te jetas sur moi pareil à un désespéré qui croyait plus en rien et qu'un miracle rend à la vie, tu pensais trouver en moi ton salut dans l'amour, tu t'emparas de ma bouche et mon corps, ce feu qui t'habitais, ta jeunesse sans concession, toi que les douleurs n'ont pas encore abimé... encore tellement neuf... tellement vivant. Mon amour, t'avais -je murmuré.

Mais c'est déjà fini.

J'en ai encore une fois conçu l'étrange idée d'un rire qui n'émanait pas de moi, il m'a presque effrayée tant je n'y suis plus habituée, je l'ai regardé s'élever au dessus de nos têtes, tels un milan qui prend son envol et tournoie un instant avant de disparaitre, puis m'apaisant j'ai fini par le reconnaitre. Mon rire qui m'étonne.. quelle triste chose... Monstre parfois quand il me surprend comme hier en cours devant mes élèves et que je peux y resister et qu'il les gagne en hilarité générale, monstre quand je ne peux le calmer, sorte de kyste, de protubérance sonore mal maitrisée...
Que je voudrais rire encore comme je riais enfant !
Que je voudrais rire encore de mes rires d'adolescentes cachée dans le grenier avec mes frères : retrouver les batailles d'oreiller, les rires aux joues crispées qui bandent douloureusement les joues, à nous en faire pleurer....

Le feu le sang le rire ne plus dormir seule l'amour le sperme la vie les cris la douceur... vivre bon sang vivre !

Rire... RIRE ! RIRE ! comme un impératif, l'épiphanie d'un dieu quelconque, une prière, un espoir, rire... je vous en prie, laissez moi rire... je vais en crever de tristesse sinon.


06 décembre 2006

 

il y a presqu un an... je sais


ANGOISSE

Je ne viens pas ce soir vaincre ton corps, ô bête
En qui vont les péchés d'un peuple, ni creuser
Dans tes cheveux impurs une triste tempête
Sous l'incurable ennui que verse mon baiser:

Je demande à ton lit le lourd sommeil sans songes
Planant sous les rideaux inconnus du remords,
Et que tu peux goûter après tes noirs mensonges,
Toi qui sur le néant en sais plus que les morts:

Car le Vice, rongeant ma native noblesse,
M'a comme toi marqué de sa stérilité,
Mais tandis que ton sein de pierre est habité

Par un coeur que la dent d'aucun crime ne blesse,
Je fuis, pâle, défait, hanté par mon linceul,
Ayant peur de mourir lorsque je couche seul.


Mallarmé



 

sables mouvants


Démons et merveilles
Vents et marées
Au loin déjà la mer s'est retirée
Démons et merveilles
Vents et marées

Et toi

Comme une algue doucement carressée par le vent
Dans les sables du lit tu remues en rêvant
Démons et merveilles
Vents et marées
Au loin déjà la mer s'est retirée

Mais dans tes yeux entrouverts
Deux petites vagues sont restées

Démons et merveilles
Vents et marées
Deux petites vagues pour me noyer.


Prevert, Amours.


04 décembre 2006

 

qu'il sera bon de danser !



BIENTOT !!!!!


 

Furor


Peu d'entre nous le savent mais les secrets touchent inégalement les hommes, je ne suis pourtant pas janséniste ni cathare mais je crois que nous ne sommes pas tous égaux pour ce qui est du langage des fleurs...
Et moi je sais une chose que peu d'entre vous savent mais qu'aujourd'hui il m'est donné de dévoiler à tous : les chevaux de Diomède ne sont pas tous morts, non. Il en reste quelques uns.


Je le sais et pour cause, je viens de passer de nombreux jours à galoper toutes brides abattues à travers marécages et monts à l'aspect desertique et lunaire, je sors d'une longue lutte pour ne pas tomber, malmenée que j'étais, tour à tour sur ou sous un cheval qui s'ébrouait continuellement, plein de rage, bavant, hurlant violemment et puissamment déchirant la nuit et la chair tendre de tout ce qu'il était amené à croiser, galopant si vite, si fort, qu'on aurait dit qu'il voulait rattraper la nuit et la dévorer elle aussi, la déchiqueter de ses dents affutées...

Dyomédon...


Comment me suis-je retrouver là me diriez vous sceptique ? et que puis-je y faire moi c'est moi que l'on a choisie pour terminer leur règne et achever le travail d'Hercule ? je n'ai nulle preuve de ma bonne foi, contentez vous de savoir et de voir, Lunourana superbe, jonchée tant bien que mal sur la croupe nue d'un étalon habité de folie démoniaque. Et anthropophage...

Croyez moi la chose ne fut pas aisée, tant par la faim qui me tirallait l'estomac que par la peur de tomber et d'être dévorée, piétinée. Mon extrême fatigue, mes prières à Zeus et Dyonisos, Eole aussi que je voyais parfois sourire entre deux nuages, se tournant la moustache... tout concourut à faire de ces nuits sans fin un véritable cauchemar.

Ma cavale galopait si bien qu'on ne vit jamais le jour, tournant autour de la terre, eternellement nocturnes...
Sa fureur augmentait de ne me pouvoir déloger. Et moi, ne vivant qu'à demi, je me retenais à ses crins, mon squelette en entier m'était douloureux...

Longtemps dura cette folle calvacade à la surface de la terre, ma monture avalant enfants et vieillards et moi d'inutiles sanglots...
Longtemps, mais pas toujours.
Il survint un moment où je sentis la course ralentir imperceptiblement, puis bientôt plus nettement.
Il vint un moment où la vitesse se fit clairement plus lente. Jusqu'à n'être qu'un trot, le souffle de l'animal se fit rauque, je sentais entre mes jambes ses lourds flancs haleter. Bientôt ce ne fut qu'une marche...
Enfin la bête s'affala pesamment.

Alors, après avoir attendu le dernier râle de l'animal, à l'écho si inquiétant, s'élevant au dessus des pays et des mers... je m'approchais et dans un dernier sursaut de force j'enfonçais violemment mon poing dans son poitrail pour en sortir le coeur.
Et je bus, je bus la vie, le sang des vieillards, des enfants, des jeunes hommes, dont le regard hagard frappa une dernière fois mon souvenir, que Dyomédon avait en sa fureur dévorés.
Et je happais la vie là même où la mort avait cru avoir le dernier mot.

Oui, je vous prie de me croire, ce ne fut pas une lutte facile, et il me faut à présent rentrer chez moi, mais je sais que bientôt... il me faudra vaincre un autre de ces chevaux malins. Alors à nouveau, malgré la fatigue et la peur, je boirai, fatalement, le sang de l'animal. Car je ne peux que vaincre.


03 décembre 2006

 

Istanbul


Au début ils ne discernent rien de précis, du bruit, des voix au loin et du chahut.
Et puis petit à petit vient le pressentiment que c'est une ambiance de ville mais on ne sait encore où.

Ils sont concentrés, chacun à leur table, j'observe leur visage tendu

Peu de réaction, juste la sage attention de l'élève face au professeur.
Et soudain, tout se déchire, une voix se précise et puis une langue et là, je le vois se métamorphoser, ses yeux s'agrandissent, il rougit, il regarde autour de lui, comme frappé par la foudre, à la recherche d'une confirmation, d' un soutien de ses compatriotes qui eux aussi sont soudainement étonnés et tendent le cou en direction de la machine, presque malgré eux...
Ils se sentent génés d'une telle émotion, ils se sentent unis et si loin de chez eux violemment, ils disent "Turc turc madame !" et je leur souris à travers ma tristesse de ce jeudi "oui je sais"
Il n'a jamais parlé, jamais montré la quelleconque émotion et là il est à nu, pris au piège de sa joie, de sa douleur d'expatrié, il cache son visage dans ses mains et une élève me traduit
- "Approchez Mesdames et messieurs, venez venez" c'est au marché ! me dit-elle transportée, "je sais Madame ! je connais ! Venez voir le poisson !"


Les autres rient de la langue dont ils trouvent les sonorités étranges et Mahmut est replié sous lui même, presque voulant disparaitre sous la table, entrant en lui comme un escargot en sa carapace, s'ouvrant à un monde intérieur, fait de souvenirs qui affluent et montent en lui, s'imposent avec violence, et éclatent sur son visage, transformant ses traits en une oscillation de joie pure et de manque douloureux. Ses yeux s'imbibent de larmes, c'est à peine croyable, je le regarde émue, heureuse d'assister à une scène si intense, de voir qu'enfin cet enfant me dit quelque chose, et quand il croise mon regard, à nouveau il cherche à se recroqueviller sous la table pour retourner dans une intimité qui me semble puiser si profondément en lui, ébranlant toute la force qu'il déploie à être en France, parler ma langue, aimer sa nouvelle vie... Plus les sons de la ville se font précis, plus il s'enfonce au plus profond de lui même, plus il se replie, plus son visage fuit mon regard et rougit de plaisir impudique. On ose presque pas le regarder tant il semble nu et surpris, immensément gêné de sa nudité.

Ce qui toujours m'ébranle : l'appel du muezzin s'élève, déchirant le silence de l'aube sur Istanbul, quelques corbeaux croissent harmonieusement, et je me souviens... les mille mosquées en contre jour dont les coupoles disputent d'étranges relief aux teintes du soleil levant embrasant les corolles des nuages, l'amour là-bas, celui d'hier...


Alors j'éteins la lumière pour l'accompagner. Et j'ai besoin de noir moi aussi car je me sens proche de lui, le coeur à vif pareillement.

Chante muezzin...

- C'est des chiens ça Madame ? demande une roumaine.
Alors les musulmans rient et m'arrachent de là où j'ai failli glisser quelques instants.
- Non c'est la prière !
- Quoi c'est comme ça que tu pries ?
- Oui c'est la prière ça ! c'est comme ça.

Le long des 4 minutes que dure l'écoute, la classe est bouleversée, je ne sais plus rien, je ne suis plus rien.
Ecrasée par l'émotion de mes élèves, je me sens à ma place, heureuse, le temps s'est arrêté.
Je suis dans le juste, le vrai, au milieu d'enfants qui le sont encore de façon absolue, qui savent pleurer pour une voix qui parle d'ailleurs et d'avant. E una cosa increible dit-il à mon MP3...Et je me sens pure et en vie. A ma place.

Et le muezzin chante... Allah Akbar...


02 décembre 2006

 
Il frottait rageusement son membre dur contre mon sexe humide,
Deux lianes montant au ciel le long de nos bras unis jusqu'à ne faire qu'une dans le lointain de la passion
Et nos langues se léchaient au rythme de nos souffles explosant de noir désir, ou vacillant frappés d'une telle tendresse.

Qui n'a jamais connu cela ?

Triste humanité à elle même semblable.
Belle humanité dont l'espoir est la fable.


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