jaiplusdesouvenirs

20 novembre 2006

 

Adaggio


lentes notes qui douloureusement s'élèvent dans ma chambre, les violons harmonieux, les sonorités écarlates de la solitude, le pur pathétique, la douceur du temps suspendu, incarnées en du non matériel, et lui qui ralentit les caresses de ses doigts sur mes mollets jusqu'à atteindre une langueur presque immobile, mais tout est si lourd de sens pourtant que l'air en est pesant... et délicatement le piano attaque et sa main a déjà quitté mes mollets et traine paralysée de douceur sur mes cuisses, frôle à peine ma peau et je me laisse aller, offerte aux allées et venues de ses doigts sur les touches de chaque note de mon désir, sur ma peau, moi, couchée sur le ventre, l'ivresse est une douce complice au désir naissant, gentiment, au contact du plaisir dont il orchestre savemment la montée...
Les trilles de l'ouverture et le voici qui me caresse entre mes jambes qui s'entrouvrent et il s'éloigne pour à nouveau plaquer des accords le long de ma colonne vertébrale. Je défais le noeud de ma robe. Je le connais par coeur ce morceau, mais je l'aime tant, je le devine et anticipe les mêmes émois, à chaque silence, chaque note, chaque phrase, des années des mêmes neuf minutes de vertige, ou tour a tour je m'abandonne, et me voici sous son corps monstrueux, et pourtant beau, il me couvre entièrement et je lui fais face et il m'embrasse et la musique disparait puisque nos souffles s'embrasent, et je le découvre sous mes mains, avec un étonnement teinté de frayeur, si parfaitement lisse, androïde à la texture si artificielle qu'il ne me semble un instant plus humain.
Et lorsqu'il entre en moi, je ne sais plus qui de nous deux fait l'autre, mais nous créons une étrange alchimie, tour a tour Pygmalion et Galatée, moi sa chose, lui mon monstre, moi la Belle lui la Bête, lui l'artiste musicien, moi l'instrument, inutile sans interprète.

Petit faune imberbe, trois petits tours et puis s'en vont, encore un monstre aimé, un monstre vaincu basculé, un monstre à d'une beauté que nulle ne me convoite ni ne sait, aurevoir.

Nous nous reverrons un jour.


Comments:
c est marrant fut un temps ou les commentaires etaient legion... que se passe t il lunardine ? as tu tué tous tes admirateurs ?
 
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