jaiplusdesouvenirs

10 juin 2006

 

SADOSAPHO


Je n'ai jamais trouvé les mots pour l'approcher, bien qu'ayant flirté avec elle toute ma vie.
Je n'ai jamais atteint ce niveau du Dire pour réussir à rester digne quand elle me prend dans ses bras.

Au fil des années, nous avons dansé tant de valses elle et moi, elle m'a enlacée et caressée bien souvent, mélant ses jambes longues et minces aux miennes, et promenant ses mains sur mon ventre, mes seins ou mes cuisses alors qu'elle était dans mon dos et que je sentais son souffle dans mon cou, elle a insidieusement frôlé de ses lèvres mon visage cambré sur son épaule et je la voyais si proche de moi, qui lui étais abandonnée, parfois, que j'en sentais l'effet entre mes jambes contractées en un spasme et que mes yeux s'en humectaient de larmes.
Souvent elle me fige de stupeur lorsqu'elle se place face à moi, relève mes cheveux et plonge son regard au plus lointain de moi, anéantissant la moindre de mes certitudes, souvent, ma peau est parcourue de frissons quand j'évoque son contact, et mon estomac se noue puis se dénoue d'une gorgée gouluement avalée et d'un soupir profondément poussé.
Souvent encore elle est ma seule partenaire, il n'y a qu'elle et moi, enfermée dans la même vérité, invisible aux profanes, et nous dansons, langoureusement, mes mains croisées sur mes bras, les siennes posées sur les miennes, et nous faisons des jaloux tant notre union semble totale.
Il n'y a que moi qui sais combien sous couvert de tendresse et d'amour elle est autoritaire et dominatrice, il n'y a que moi pour savoir combien il est facile d'étouffer entre ses bras qui m'étreignent trop fort au point que je n'ai jamais pu m'en séparer. Et d'ailleurs, jamais elle ne me laisserait partir : protéiforme, elle parviendra toujours à me reséduire sous divers apparats.

Et ce matin, après être rentrée au son du doux roucoulement des pigeons, à la lumière pure et génésienne de l'aube, après avoir fait l'amour avec elle, mélant comme avec personne nos corps, nos bouches, nos yeux et nos souffles, dans mon lit aux lueurs de ce petit jour qui est chaque fois comme le premier jour du monde, celui d'avant les guerres et d'avant les hommes, alors que je me levais pour boire et me rafraichir, je me suis assise dans mon canapé, la fenêtre ouverte, écoutant les bruits d'un jour qui se lève sur Paris, une cigarette à la bouche, et je l'ai laissé dormir, incapable que j'étais de rejoindre ma Douleur qui m'attendait dans mon lit.


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