jaiplusdesouvenirs

04 juin 2006

 

O MARIE SI TU SAVAIS...


L'héroïne de Lost in translation dit à peu près en ces termes : "On a toutes dans notre jeunesse une période où l'on prend nos orteils en photos", et nous autres, public féminin à l'honneur en ce moment au cinéma, sourions dans le noir, pleines de gratitudes pour notre album photo. Et nos orteils.
A mon humble avis, Marie Antoinette c'est aussi ce "On a tous dans notre jeunesse une période où l'on a envie d'être princesse" et Sofia nous le fait devenir un moment, jolie part de rêve.

Que ce soit un film conforme ou non à la réalité historique n'est à mon avis pas le débat important tant il est vrai qu'en art, on se soucie peu de conformité au réel ce qui signifierait se fourvoyer totalement de sujet : le vrai n'est pas forcément vraisemblable dit Maupassant, l'important est le Beau (plaire et toucher), et non le Vrai, c'est vieux comme le monde, enfin comme Aristote, c'est déjà pas mal. Cependant certains le lui reprochent, Dumas doit se retourner dans sa tombe lui qui n'avait pas encore de dictaphone pour retranscrire les dialogues d'époque !
J'ai pris un plaisir d'ado à essayer les chaussures de la reine, les perruques, les amants... et je crois qu 'en cela (je veux dire, la séduction de petites filles) le film est réussi, quoiqu'un peu longuet : la reine a effectivement 18 ans, et a des préoccupations de Barbie, on l'habille et la déshabille comme on le ferait avec une poupée, et pour abonder dans mon sens, les protagonistes de nous en rajouter une couche déclarant sur son compte : "Elle est une petite poupée".
Enfin c'est aussi un moyen d'accéder à l'Histoire, pas seulement celle des détails de la vie quotidienne qui toutefois est pertinente et justifie entre autre, une visite à Versailles (comment on dort, on se mange, on accouche, on est intronisée, on passe la frontière Austro-française, on a une sexualité publique quand on est Roi en 1775) ni celle des faits (absence du trop fameux "Non Sire une Revolution"), des dates (1774, 1789, 1793... totalement absentes), des livres, mais celle des individus (qui en ce qui concerne Hitler serait plus pertinente, parce que c'est après la psychanalyse ? ) dont les historiologues se plaisent si souvent à dire qu'on l'oublie au profit de l'Histoire avec ce grand H. (par ailleurs, cette image de Marie Antoinette n'est pas novatrice du tout, elle concorde avec ce que l'on m'avait enseigné au lycée et dont je me souvenais encore d'où l'importance en rhétorique et en pédagogie de l' histoire au sens d'exemplum : enseigner l'histoire de la Révolution française sans parler des perruques de la Reine ! c'est inconcevable... )
Je crois que S. Copolla s'est simplement offert une poupée grandeur nature, figeant sa beauté de façon éternelle, ajoutant au mythe du personnage, qui rappelons le en l'occurrence, n'est qu'un personnage, oui, on est au cinéma... tout est permis.
Même de trainer en longueur.



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