01 mai 2006
WEEK BEGINING ANd END

Il m'a dit un jour, mon unique amour, de ces choses qu'Ils nous ont dites, à chacune d'entre nous, et dont on caresse l'écho comme des "doudous", notre petit univers de mots doux, dont la voix est enfouie secrètement au plus profond de nous même, de ces joyaux intimes, dans ces boyaux infirmes, dans une boite à bijoux... Il m'a dit, après m'avoir longuement regardée venir à lui, lui qui me regardait sans cesse, souvent à mon insu alors qu'inquiète je le cherchais : "Quand tu marches, vers moi, tout le monde te regarde, tu dégages quelque chose que les autres n'ont pas"
Il savait me rendre belle, me rendre femme, par moment, faire de moi cette femme que je voudrais toujours être, à chaque instant, à chaque moi. Sans jamais de crasse, jamais defroquée, jamais mal coiffée, jamais fatiguée ou comme une belle morte....
Quand je marche, dans les rues, souvent ses mots me reviennent et c'est ainsi que je voudrais être regardée, belle, ayant quelque chose que les autres n'ont pas.
Quand je marche, souvent je pense à ses mots, à mon unique amour, et je me dis c'en est fini, tu ne marches plus comme portée par l'amour, ne voyant plus que lui, plus belle que jamais, avec insolence et défi... cette beauté que l'amour seul confère aux femmes.
Je traversais la vaste pièce, samedi, dans ma robe de soirée, et je me disais "tu es plus jolie qu'à ton ordinaire mais tu n'es rien qu'une trentenaire après tout" Une trentenaire... je le sens bien. Quand je me vois dans un miroir aussi dans la rue je me fais cet effet là d'être une jeune femme dynamique, que la couleur sur ses vêtements ne dénonce plus, à la démarche plus assurée, que les coupes ratées chez le coiffeur ne dépriment plus, qui a apprivoisé le mystère de bien des choses ce qui revient à dire qu'elle a accepté de lui laisser sa part, réconciliée avec ses lacunes, ses doutes, ses regrets, ses failles, qui ne craint plus les hommes, ni les distances, ni le temps, ni la douleur, qui assume ses boulimies de fringues, qui est censée aussi accepter son corps (mais là ca bloque encore, un corps toujours alien qui jamais n'a trouvé sa place). Oui, cette jeune femme à présent c'est moi, qui sais ou je vais, pourquoi, avec qui et surtout, surtout jusqu'ou aller. Je ne suis pas sure que cela me plaise, cette étiquette de trentenaire, mais je m'y vautre, encore un cliché.
J'étais à ce mariage et je me disais que j'aimerais aussi offrir à mes parents cette certitude que leur fille pourra être aimée, leur offrir ce bonheur de me voir en blanc sortir de la mairie aux bras de mon aimé, j'aimerais offrir à mes parents ces petits enfants qu'ils attendant tant et auxquels ils pensent à chaque fois qu'ils prennent un enfant dans leurs bras.
Mais non.
* * * * * * *
Ce soir ma tristesse avait pour fond sonore un concerto pour "crissements et souffles" dans le TGV qui me ramenait sur Paris. Le grincement du chassis entre les wagons, le souffle d'une mystérieuse dépressurisation, le crissement des freins sur les rails, le feulement de je ne sais quel materiau aérien, et le tchou tchou régulier de la marche du train. Le grincement du chassis entre les wagons, le souffle d'une mystérieuse dépressurisation, le crissement des freins sur les rails, le feulement de je ne sais quel materiau aérien, et le tchou tchou régulier de la marche du train. Le grincement du chassis entre les wagons, le souffle d'une mystérieuse dépressurisation, le crissement des freins sur les rails, le feulement de je ne sais quel materiau aérien, et le tchou tchou régulier de la marche du train. Le grincement du chassis entre les wagons, le souffle d'une mystérieuse...
Musique inquiétante d'un vaisseau fantôme qui berçait mon âme endolorie, sans raison. Ou presque.
Avant on me disait aussi "tu a l'air hautain et fier, une expression de mépris"
C'était avant la haine, la haine m'a sauvée.
J'ai eu cette chance de haïr jeune, de haïr tot, une haine à en crever, à élaborer des plans de vengeance à la Park Chan-Wook, à n'en pas dormir, à penser n'en jamais guérir, à en avoir le ventre en feu du mal que l'on m'avait fait. Des années, cela a duré 5 ans, 5 ans à me demander comment rétablir l'équilibre dans le monde en supprimant mes oppresseurs jusqu'à ce que je comprenne que l'équilibre était à rétablir en moi, et non à l'exterieur...
La haine fut une chance, une rencontre. C'était explorer un monde nouveau, de création, de sensations. C'était surtout un bon entrainement pour la suite, la sale suite, celle qu'on arrive pas à éviter, la mort, les coups de crasse, les injustices, la peine...
Quand on l'a vaincu ce reflexe de colère, il ne nous reste plus que la tristesse : la Haine était une soupape de sécurité, un coupe-feu contre la douleur. Elle a abdiqué, et maintenant j'ai les yeux tristes, me dit-on. Plus rien ne me préserve de la douleur, Dieu merci, je souffre. Dieu merci, je suis fragile à nouveau et je dors en paix.
Mais le cafard, la nostalgie, la déception... je sais investir ces sentiments mieux que quiconque. Je sais dialoguer avec eux comme on discuterait avec des vieux amis, les convaincre de rester un peu encore à me tenir compagnie, au creux de moi. Parfois je sais les chasser d'un revers de main, parfois au contraire je sais les retenir et me lover dans l'attente, flirter avec le mensonge, valser avec la deception, masturber le doute, ou encore caliner la rancoeur. Ce soir, le concerto pour "crissements et souffles" du TGV était l'expression sonore de ma mélancolie, et sur la vitre du train, tour à tour j'observais mon reflet ou bien passant à travers, contemplais l'horizon.
* * * * * * *
"On se retrouve où ?" chuchote ma voisine au téléphone.
Je me dis il ne va pas venir et je ne veux pas le savoir, je ne veux pas entendre sa voix me dire Lunarella pas ce soir je suis fatigué. Je n'écoute jamais mon répondeur, je n'aime pas les désistements, autant que les aurevoir. Je me dis que je ne répondrais pas que que je saurai s'il appelle qu'il ne vient pas car s'il venait il ne me le dirait pas.
Les hommes sont nuls en surprise, ils n'en font jamais ou alors les font toujours au mauvais moment et après n'osent plus en faire sous le coup des reproches, pleins qu'ils sont de mauvaise fois. Lorsqu'ils se lancent à en faire une, ils se débrouillent pour joindre l'utile à l'agréable : pour calmer un doute ou rassurer un manque de confiance (oui je suis venu te retrouver dans ce café avec ton ami Pierre mais apres tu me dis que je ne te fais jamais de surprise !) ou encore nous piéger ou nous surprendre.
Jamais ils ne sont à la sortie du train pour porter notre sac, jamais à la sortie du travail pour nous enlacer et affronter avec nous les embouteillages (à moins que ce soit une manière de marquer son territoire si malinement quelques jours auparavant on a évoqué un charmant collègue).
Je me disais je ne veux pas entendre ta voix me dire non pas ce soir je suis fatigué toi qui dis que je t ai manqué si fort.
Mais je n'ai pas eu le choix, j'ai récu un sms, un ridicule petit sms, même pas ta voix. Et malgré moi cela m'a fait mal, et je me suis detestée d'avoir mal et d'être capricieuse et en même temps, j'ai eu mal et je suis capricieuse... j'aurais préféré t'en vouloir, te detester, ou mieux, m'en foutre car si je ne t'aime pas, pourquoi ai-je mal ?
Je me disais, vieille ado immuable, que suis je...? et je répondais à cette aporie escatologique par une angoisse plus ridicule : pourquoi n'ai je de place nulle part, auprès de personne ?
Je pensais aussi, pessimiste chevronnée, mes amis ne sont encore plus les mêmes que l'an passé, mes mecs non plus, et poursuivais éhontément depressive quoique toujours égocentrique : je ne suis personne, à ce mariage j'étais seule parmi la foule. Ma pensée triture les replis de ses propres ressorts quand nostalgique j'en arrive à me dire : je ne suis même plus l'ex de mes exs qui en ont trouvé d'autres pour me remplacer, presqu'ironique j'ajoute : de bien plus protocolaires, avec qui ils ont proprement coupé les ponts. Vieillissante déjà, blasée, bonne à prostituer : je ne suis plus le fantasme de personne ; puis, déchue d'un orgueil amazone, fausse modeste à la morgue abolie : ni l'ennemie de quiconque ! romantique alors, car très professionnelle (comprenne qui pourra) je pensais à cette amie qui s'éloigne ; rivale car féminine mais défaitiste radicale je songe à cette fille encore qui est revenue et de qui à terme je ne serai qu'une redondance, je me disais pour terminer, rassurante et réalistiquement pragmatique, qu'à part être la fille de Mr et Mme Lunar, la soeur de mes frangins, la roue de fortune (fataliste) avait encore tourné et je me retrouvais face à une nouvelle case avec un nouveau numéro.... (merci TF1)

Et qu'à nouveau j'avais envie d'être loin de tous ceux que, malgré moi, j'aime, et seule à en crever pour me souvenir pourquoi je les aime tant, pour qu'ils me manquent et que mon amour qui trop souvent joue a cache cache, redevienne une évidence. Il suffit que je m'en eloigne un peu pour m'en souvenir, c'est pour ça, oui pour me souvenir que j'aime les gens que j'aime, que souvent je les quitte, un peu, trop longtemps parfois car j'oublie de retourner... alors je regarde mon reflet dans la vitre du train, et par delà, l'horizon.... et leurs visages me reviennent en mémoire, et ils sont à la fois l'ancien et le nouveau numéro sur la case.
Le grincement du chassis entre les wagons, le souffle d'une mystérieuse dépressurisation, le crissement des freins sur les rails, le feulement de je ne sais quel materiau aérien, et le tchou tchou régulier de la marche du train.... bonne nuit...
Comments:
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c'est sans doutes vrai qu'il faut mettre plusieurs km et/ou plusieurs jours(mois?) entre ceux qu'on aime et noux pour comprendre pourquoi ils sont précieux finalement...mais au fond, à part dans sept à la maison, personne n'est capable de se rendre compte de sa chance quand elle est au creux de sa main...puis de toute façon, tu préfère le films d'Arte plutôt que les séries de TF1...Non?
c'est sans doutes vrai qu'il faut mettre plusieurs km et/ou plusieurs jours(mois?) entre ceux qu'on aime et noux pour comprendre pourquoi ils sont précieux finalement...mais au fond, à part dans sept à la maison, personne n'est capable de se rendre compte de sa chance quand elle est au creux de sa main...puis de toute façon, tu préfère le films d'Arte plutôt que les séries de TF1...Non?
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