jaiplusdesouvenirs

02 mai 2006

 

Burbuja IV


Burbuja n'a pas réussi aujourd'hui a lutter contre cette présence indéfinissable qu'elle pressentait lentement s'installer en elle depuis un certain temps déjà : elle repense aux paroles de sa mère, qui l'ont quelque peu effrayée.
Elle percevait déjà les prémisses abstraites et quasiment imperceptibles, ténues, d'un je ne sais qui qui la distinguait de ses semblables, mais cela n'avait jamais été jusqu'alors que le ressac d'un doute contre sa raison, comme un parfum enivrant dont l'odeur s'impose parfois de façon imprévisible au souvenir.
C'était juste là, un constat, incompressible, irréductible. Elle n'était plus que ce questionnement, une pensée jamais initiée, sans logique, sans fin, sans devenir non plus, mouvante autant qu'absurde, de ces pensées fugaces aux reflets morts dorés.

"Donne moi la main mon amour, chantait-elle, car aujourd'hui j'ai peur de plier jusqu' à me rompre, me rompre, me briser"

Au fond d'elle-même, elle percevait un appel, il fallait qu'elle apprenne, elle avait toujours su qu'un jour, il faudrait qu'elle s'y attelle à faire face à ce qu'elle redoutait, ouvrir ses yeux oranges aux reflets mordorés, et affronter le Noir, le trop grand Jour aussi, éveiller l'Etre de Lumière et l'Etre d'obscurité qui sommeillaient en elle, les confronter, les meler, essayer l'alchimie de ce qui est tu et de ce qui parle, trouver de quoi en faire une mélodie des plus harmonieuse, ou alors, il lui faudrait, comme à nous tous, pauvres U.mains rescapés d'avant l'Ere Mixte, inventer ses propres notes, originelles, celles qui feraient que la musique de son âme deviendrait recevable et ne heurterait plus l'oreille.
La sienne au mien, la mienne au mieux.

"Donne moi ta main mon amour et pose la sur mon sein car aujourd' hui j'ai froid malgré la brulure brulure de toi" soufflait-elle

Elle n'en était pas là, elle n'était encore qu'à l'aube blanchâtre de la Connaissance et celle qui avait joué le rôle de Prométhée avait été sa mère dont la voix résonnait encore à ses oreilles pour lui révéler le terrible secret de son altérité, de sa différence "Nous ne savons toujours pas ma fille quelles en seront seront les conséquences", lui avait-elle dit

Burbuja savait que désormais elle avait à parcourir une longue droite courbe tout en spirales qui ne la conduirait non plus vers le monde, mais qui mènerait le monde en elle. Alors à travers les vitraux de son corps, la douce lumière jaune, bleue, rouge, verte, filtrerait pour éclairer étrangement ce qui était resté dans l'Ombre, aujourd'hui, demain, dans un an peut etre dix, il lui faudrait, de toute façon, de quelque façon que ce soit, ouvrir ses yeux d'argent sur l'inquiétante obscurité du mystère de son être, et lui imposer la sévère couleur du jeu des pâles lueurs vitreuses auxquelles se révèle le pire, rarement le meilleur ... : qu'était-elle ? qui l'avait ainsi créee que jamais, non jamais, elle ne réagissait comme ses semblables, que ce qui les émouvait la laissait froide, ce qui les effrayait la rassurait, ce qui les attristait la consolait.... et d'ou venait qu'elle se sentait toujours ailleurs, douloureusement ailleurs, même au plus proche d'eux ?


"Donne moi la main mon amour car aujourd' hui m'effraie si tu es loin de moi de moi, plus rien ne me déploie déploie" pleurait-elle

Bientot la vérité lui serait révélée... bientot, elle comprendrait qu'il valait peut etre mieux ne pas apprendre... Burbuja devait faire éclater sa sphère et corrompre ses Moi.


Car si pour eux la question était "pourquoi ? " pour elle c'était "QUAND" ?


"Donne moi la main mon amour, le vide me fait écho, retiens moi mon trésor, reste au delà de moi, ne lache pas ma main, vois, tu t'en vas déjà" sourit-elle.


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