jaiplusdesouvenirs

28 mars 2006

 
Pourquoi le coeur se serre-t-il soudain plus fort que d'habitude à la vue du paysage qui défile à travers la vitre du train ? Pourquoi le pincement se propage t il à toute chose aprés, immédiatement après, comme instantanément, irrépressible, nous échappant, venant imprimer à la ville dehors et à celle en dedans, telle une décharge d'éléctricité froide, presque grinçante, une sorte de voile de brume, qui lentement retombe...?
Se propage à la ville, au ciel moins bleu et lumineux soudain, se propage aux rails par terre car les yeux cherchent un secours pour fuir la traîtrise du ciel, aux rails par terre et puis à notre voisin, qui n'est malheureusement pas l'enfant qui pourrait empêcher le voile de retomber sur la vie, comme les draps que ma mère étendait au dessus de moi, quand j'étais enfant et qu'elle refaisait mon lit, moi allongée dessus...
A travers toute chose et à travers tout être aussi, puisque notre voisin n'était pas l'enfant qui aurait pu empêcher que les choses n'adviennent, oui, tout être... de ce voisin si triste qui renifle et dont le regard s'éteint au loin à travers ce mur taggué, de cette femme bien habillée qui n'exprime absolument rien...
Et ainsi passe la journée, à essayer de se raisonner, contre la mort du décor, qui lâchement nous abandonne, les murs qui fondent, le ciel qui se tait, la journée, qui avance et le pincement persiste, irréel, sans lieu d'être que mon ventre noué, malgré mes sourires affables, à peine esquissés, mentis avec maîtrise pour ne pas me sembler folle d'être le jouet d'une illusion pathologique, sentimentale, névrotique...


Comments:
Tant de sentiments et d'émotions sur la palette de la vie. Reste à choisir les couleurs de son décor, de son oeuvre d'art. Ne sommes-nous pas les artistes de notre vie ?
Merci pour tes mots dans mon espace.
Bien sûr, tu peux le mettre en lien. Merci!
 
"les sourires mentis avec maîtrise", je trouve ça très beau.

Et aussi toute la subtilité du regard, comment tu rends ces réactions à de l'infime, de l'impalpable, ces réactions profondes qui sont le tissu de la vie intérieure.


là je dois dire que je craque complètement pour cette phrase moi aussi... wouff ! Quelle splendeur... c'est fou comme elle rassemble et dit autant que tout ce qui précède (dont j'apprécie beaucoup la pensée, tout comme la simplicité de l'énonciation).

Continue à ne pas avoir le choix, en ce qui me concerne, ça me va très bien !
 
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