jaiplusdesouvenirs

28 février 2006

 

fusion ou vestige 2...


Tu voulais, m'as tu dit un jour, faire ce que tu n'avais jamais fait, ce qui était fort banal comme beaucoup de choses dont tu rêves et que tu n'as pas faites, O toi, mon encore trop aimé: faire l'amour au bord de la mer, sous un ciel étoilé (je suppose que tu le fantasmais étoilé).
Au dessus de mon lit, j'ai collé, montant sur une échelle, de ces petites étoiles en plastique, qui phosphorescentes me rappellent non pas le spectacle réel d'un ciel étoilé, mais qui me rappellent à moi-même, tout simplement, lorsque, comme souvent, j'oublie qui je suis... je regarde ces misérables étoiles, et je me dis "souviens toi de ces moments où tu contemples le ciel, le vrai et beau, profond, l'abime inquiétant de ce grand nulle part au dessus de toi"
voila, elles me renvoient à moi, à rien d'autre. et comment pourrait il en etre autrement ?
mais quand, couchée dans mon grand lit confortable, j'ouvre les yeux sur ces petits points jaune- verts ridicules, alors je pense à toi qui m'as dit ca un jour : je n'ai jamais fait l'amour au bord de la mer, en regardant les étoiles et la lune.
laisse moi te faire l'amour sur ma plage, O mon cruel adoré... en haut de ma dune, là, je le vois cet endroit où j'ai souvent marché malgré les "interdictions d'évoluer" proférées par les crs l'été, laisse moi te raconter le vent qui souffle dans les hautes herbes landaises dont je ne connais pas le nom savant (même si cela aurait été de rigueur en cet instant si solennel ou tu vas m'appartenir),
le vent regarde... les couche et les relève, elles dansent et susurrent. La lune n'est pas pleine, mais suffisamment lumineuse pour qu'on en devine leur mouvement ondulé, qui fait comme le velours d'un vêtement, sens tu le vent dans tes cheveux, mon amour ?
... écoute, le ressac des vagues à nos pieds, le temps ralentit, s'arrete, disparait, il n'y a plus d'hommes sur terre, nous sommes au temps d'avant le temps, avant les hommes, abollissant toute matière, c'est le temps du rêve... préhistorique. Le temps n'est plus que bruit des vagues, souffle et sable...
tout nous observe
laisse moi te raconter aussi comment, mais sans mouvement, sans poids, je me suis hissée doucement au dessus de toi, précautionneusement translucide, pareille à l'ignorante Ruth, pour ne pas te gacher le spectacle des étoiles qui brillaient à travers mon corps, ni celui de la lune, qui irradiait de ma silhouette diaphane. je ne suis qu'une pale clarté qui se meut au dessus de toi, mon amour, pour ne pas te déranger, pour que tu ne me voies pas de peur que tu me chasses, je reste transparente, comme je l'ai toujours été.
tu ne sens rien jusqu'à ce que je te prenne en moi, doucement, le long de moi, que tout en moi brule de toi, que mon souffle se mêle à celui du vent, que mon corps nu balance au rythme des herbes des alentours qui, soudain gigantesques nous cachent, à nuls yeux cependant.
En moi tout l'univers ! je suis la Nuit, te chevauchant silencieusement, dansant d'un plaisir qui nous rend immortels. Je suis le Vent, la Lune le Ciel et l'Eau, je suis le Feu en nous.
tes yeux s'entrouvrent alors plus noirs que le ciel, et j'ai le temps d'y entrevoir les étoiles plus brillantes encore que celles, jalouses, qui nous épient. Et tu me vois soudain, je redeviens opaque, lourde soudain. Je redeviens matière, j'ai peur : je suis a nouveau moi, trop réelle, en contact contact contact... le temps reprend son cours, j'ai froid, le vent se lève mais nulle vie à tenter, je frissonne et c'est moi qui ouvre alors les yeux... sur mes étoiles phosphoresentes, jaunes-vertes, presqu'éteintes.
Seule, dans mon lit, parfois j'en pleure mon amour, mais souvent, souvent sans que tu le saches, je suis immaterielle, cosmique, et tu es en moi.


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